Compositeur et chef d’orchestre allemand, Matthias Pintscher étudie le piano, la percussion et le violon puis la direction d’orchestre et dirige très tôt l’orchestre des jeunes de sa ville. Cette expérience affermit son goût pour la musique orchestrale et se retrouve dans ses premières œuvres, marquées par la dimension symphonique.

Après un voyage d’études à Londres en 1988, il suit les cours de composition de Giselher Klebe à la Hochschule für Musik de Detmold. En 1990, il rencontre Hans Werner Henze et étudie, de 1992 à 1994, avec Manfred Trojahn à Düsseldorf.

De nombreuses bourses d’étude et rĂ©sidences jalonnent un parcours exceptionnellement rapide et fĂ©cond sur le plan crĂ©atif. Pintscher est l’auteur de deux opĂ©ras : Thomas Chatterton (1994-98), L’espace dernier (2004) sur un livret qu’il Ă©crit lui-mĂŞme d’après et avec des textes d’Arthur Rimbaud, ainsi qu'un ballet Gesprungene Glocken (1992-1993, rĂ©visĂ© en 2000). Dans ses pièces instrumentales Ă©galement, une sorte de « théâtre imaginaire Â» est reprĂ©sentĂ© : Allegoria sonora, per un violoncello e gruppo stumentale (1992), FĂĽnf OrchesterstĂĽcke (1997) ou Sur « DĂ©part » (1999) sonnent comme de vĂ©ritables dramaturgies musicales. L’influence des arts visuels et de la poĂ©sie est sensible : l’œuvre de Giacometti est Ă©voquĂ©e dans Figura - Zyklus, Frammento (1997) et la poĂ©sie de Rimbaud est prĂ©sente dans de nombreuses pièces qui cherchent Ă  rendre la couleur sonore de la langue française et le style du poète. Le compositeur qualifie sa musique de « Sprach-musiken Â», mettant ainsi en valeur l’aspect dramatique de son Ĺ“uvre et le pouvoir dĂ©clamatif qu’il donne au son. En 2009, il compose Songs from Solomon's garden, Ă  partir du Cantique des Cantiques.

En 2008, Pierre Boulez et le Chicago Symphony Orchestra crĂ©ent Osiris. De ces Ĺ“uvres rĂ©centes, citons aussi le cycle pour cordes, de la pièce pour violon seul Study III for Treatise on the Veil au quatuor Ă  cordes Study IV for Treatise on the Veil (2009), une pièce pour pour chĹ“ur mixte a cappella she-cholat ahavat ani (2008) et le cycle Sonic eclipse composĂ© de trois concertos pour cuivres celestial object I pour trompette et ensemble, celestial object II, pour cor et ensemble (2009) et Occultation pour cor, trompette et ensemble (2010). En avril 2013, son Ĺ“uvre HĂ©rodiade-Fragmente est interprĂ©tĂ©e par l'Orchestre philharmonique de Vienne au Musikverein de Vienne sous la direction de Christoph Eschenbach.

Depuis 2007, Matthias Pintscher est professeur de composition à l'École Supérieure de Musique et Théâtre de Munich et directeur artistique de l’Atelier de Heidelberg au festival Printemps de Heidelberg (Heidelberger Frühling). Il mène aussi une importante activité de chef d’orchestre, appelé dans le monde entier à diriger des orchestres et ensembles des plus renommés (BBC Symphony Orchestra, The Cleveland Orchestra, Ensemble Contrechamps, Ensemble Modern, Klangforum Wien, Museumorchester Frankfurt, NDR Sinfonierorchester, Radio-Sinfonieorchester Stuttgart).

Après une rĂ©sidence auprès de l'orchestre symphonique de la Radio de SaarbrĂĽcken en 2006-2007, puis Ă  la Philharmonie de Cologne en 2007-2008 et auprès de l'orchestre symphonique de la radio de Stuttgart en 2008-2009, il s'installe Ă  New York. En 2012, l'Ensemble intercontemporain le nomme directeur musical, poste qu'il occupe Ă  partir de la saison 2013-2014. En 2014, il est nommĂ© professeur de composition Ă  la Juilliard School. En 2015, il est compositeur en rĂ©sidence aux Festivals de Grafenegg et de Moritzburg. De 2016 Ă  2018, il est le chef d'orchestre principal de l'orchestre de l'AcadĂ©mie du Festival de Lucerne. Cette implication auprès des Ă©tudiants et des jeunes musiciens s'est accompagnĂ©e d'une participation Ă  la Karajan Academy de la Philharmonie de Berlin en 2017-2018. Lors de la saison suivante, en 2018-2019, Matthias Pintscher tient la chair de crĂ©ation du Tonhalle-Orchester de ZĂĽrich et est artiste en rĂ©sidence au Los Angeles Chamber Orchestra, en mĂŞme temps qu'il finit un contrat de neuf ans avec le BBC Scottish Symphony Orchestra’s Artist-in-Association. Cette mĂŞme saison, il dirige le Saint Louis Symphony Orchestra, l'orchestre philharmonique de Rotterdam et le Staatsoper Unter den Linden de Berlin, oĂą il dirige la première de Violetter Schnee, le nouvel opĂ©ra de Beat Furrer.

La saison 2018-2019 voit la crĂ©ation de deux de ses Ĺ“uvres : Nur, concerto pour piano interprĂ©tĂ© par Daniel Barenboim et l'ensemble Boulez en janvier ainsi qu'une pièce pour baryton, chĹ“ur et orchestre, interprĂ©tĂ©e par Dietrich Henschel et le Tonhalle-Orchester ZĂĽrich, en juin.

En février 2020, il dirige la première de sa nouvelle œuvre pour baryton, chœur et orchestre, Shir IV, interprétée par Georg Nigl et le Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks au festival Musica Viva. À l'été 2020, Matthias Pintscher occupe le poste de directeur musical du 74e Festival de musique d'Ojai. En 2020-2021, il entame un mandat de trois saisons en tant que nouveau partenaire créatif de l'Orchestre symphonique de Cincinnati.

  • 1er Prix du Concours Hitzacker-Kompositionswettbewerb et Prix du public pour le 2e quatuor Ă  cordes aux JournĂ©es musicales mondiales de la ISCM Ă  Varsovie ;
  • 1er Prix du Concours de composition de l'Agosto Corcianese, PĂ©rouse ;
  • 1994 : Prix de la SACEM,  Paris ;
  • 1995 : Kasseler Kunstpreis (Prix d'art de Cassel) ;
  • prix de composition lyrique de la Fondation Körber Ă  Hambourg pour l'opĂ©ra Thomas Chatterton ;
  • 1999 : Prix Prince Pierre de Monaco pour Thomas Chatterton ;
  • Prix culturel de la VR-Leasing AG (Francfort) ;
  • 2000 : Prix de composition du Festival de Pâques de Salzbourg ;
  • Prix Hindemith du Festival de Musique de Schleswig-Holstein ;
  • 2001 : Grand Prix de l'AcadĂ©mie Charles Gros pour le CD chez Teldec dans la sĂ©rie "New Line" ; Prix Cecilia (Belgique) ;
  • 2002 : Prix Hans-Werner-Henze (Prix du musique de Westphalie).
  • 2012 : Prix de la 6e commission Roche pour Chute d'Ă©toiles.
© Ircam-Centre Pompidou, 2019

sources

  • Éditions Bärenreiter
  • Site du compositeur (voir ressources documentaires)
  • Michael Töpel : « Confidence in the Power of the Poetic : The composer Matthias Pintscher Â» dans Tempo n° 205, juillet 1998.


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