sugarcoating #3

Née en 1991 à Zagreb et résidant aujourd’hui
à Leipzig, en Allemagne, la compositrice
croate Sara Glojnarić explore dans sa
musique l’esthétique de la culture populaire.
Elle va même plus loin, examinant de près
l’impact sociopilitique de l’hégémonie de
ce phénomène artistique contemporain,
la mémoire collective et le sentiment de
nostalgie qui y sont rattachés, ainsi que les
réseaux d’interaction complexes qu’il génère.
La série d’œuvres qui l’a fait connaître,
sugarcoating (2016–2022), consiste en quatre
pièces indépendantes pour ensemble, allant
de la musique de chambre à l’orchestre
symphonique. Ces quatre pièces partagent
néanmoins un socle commun : le Million Song
Database, une base de données compilant des
caractéristiques sonores et des métadonnées
sur la musique pop contemporaine, créée par
la NSF (Fondation nationale pour la science) et
rendue publique en 2011.
Cette base gigantesque, représentant plus
de 300 gigaoctets de données, offre un
point de vue scientifique et paramétré des
tendances sonores les plus populaires de notre
époque. Parmi les caractéristiques majeures
révélées par l’étude de cette base, figurent
une simplification et homogénéisation de la
hauteur et du timbre, une augmentation du
volume sonore, des structures répétitives
ainsi qu’un paramètre crucial au niveau
méta qui est la conséquence directe de ces
caractéristiques : la densité.
Dans l’œuvre de Glojnarić, le concept de
densité se fait ressentir par les interprètes,
dont la concentration est mise à rude épreuve,
dû à la quantité d’informations et au niveau
de détail technique inclus dans la partition.
La pièce sugarcoating #3 (2022), qui met la
batterie à l’honneur, est une véritable perle
rare, voire une pièce de collection, dans
le répertoire déjà largement joué de cette
compositrice primée. Contrairement à la
majeure partie de son œuvre, cette pièce a été
enregistrée en live et n’a été jouée que trois
fois, à Helsinki par l’Ensemble Uusinta, et à
Berlin par l’Ensemble Mosaik.
Jarkko Hartikainen