general information

composition date
1998
duration
15 min
editor
Ricordi
Commission
Musée d’Orsay avec l'aide du ministère de la culture
Libretto (details, author)

sur deux textes de Mallarmé

type

Chamber music (Wind and string quintet)

detailed formation

clarinet, bass clarinet, trumpet, viola, cello, electronic/MIDI keyboard/synthesizer

information about the creation

date
December 17, 1998

Paris, Musée d’Orsay, Auditorium

interpreters

Alain Damiens : clarinette, Alain Billard : clarinette basse, Jean-Jacques Gaudon : trompette, Michel Cerutti : percussion, Christophe Desjardins : alto, Pierre Strauch : violoncelle.

Information on the electronics

RIM (réalisateur(s) en informatique musicale)
Carl Faia
Electronic device
dispositif électronique non spécifié

Program note

Nono confiait à Cacciari à propos de Wagner : « les leitmotivs ne sont pas des variations mais des présentations d'autres possibles ».

En réalité, mes cellules rythmiques dans Voile sont un invariant référentiel dans des situations qui ont la même fonction que les leitmotivs selon cette acceptation.

Mallarmé dit que l'on ne fait pas de la poésie avec des idées mais avec des mots. Autant dire qu'elle offre un aspect concret, une corporalité décrite dont la chair est le mot, ce mot qui en suspend la pesanteur naturelle le renvoie à une catégorie de pensée plus abstraite. Certains poètes procèdent inversement, influencés ou stimulés par un contexte historique singulier.
On ne dira pas que la musique ne se fait pas avec des concepts, mais des notes mais on retiendra le mouvement qui va de l'un à l'autre.

Il y a une sorte de jeu (au sens de pièces mécaniques non ajustées) dans l'écriture musicale qui présente, utilise un texte.

Comme dit Starobinsky, Mallarmé se donne pour tâche (tâche de la poésie) « d'instituer l'idée (la notion pure) qui sera mise sous la garde de la langue et des signes ». Il s'agit bien d'un mouvement du concret vers l'abstrait. À l’inverse la musique procède plutôt à l'envers, si l'on soutient que le concret est l'univers des signes d'une partition que l'on doit bien produire avec une certaine logique d'engendrement qui en fait sinon un langage, du moins une grammaire.

Comme l'on part donc du poème réalisé, de cette abstraction supposée, à la limite le problème du sens est second, c'est simplement lui que l'on croise dans la concrétude du mot durant l'opération d'écriture. Une métaphore spatiale de ce mouvement est présentée à partir de la mesure 136 de Voile.

Voile, pour cinq instruments et une partie électronique, propose une opération de lecture (pratique désespérée disait M.) du texte La chevelure de S. Mallarmé dans le cadre des valeurs de durées, attribuées arbitrairement à deux vers du « coup de dés ». Autrement dit, le « coup de dés » est à l'origine de l'architecture, la chevelure est une insertion linéaire dans cet espace organisé.

La partie électronique, synchrone avec la partie instrumentale, diffuse l'entièreté des textes chantés, parlés ou chuchotés. Ces textes subissent des transformations instrumentales et une répartition spatiale stricte selon une grille numérique stable. La voix est donc présente dans les haut-parleurs mais élidée sur la scène. Cette disposition artificielle peut aussi être regardée comme une métaphore de la Déclaration foraine, texte dans lequel s'insère le poème La chevelure.

Cet artifice tend aussi à voiler ses propres opérations, comme un écran devant ce théâtre imaginaire, dont la mobilité chorégraphique « dissout l'écran du visible, ce voile conventionnel ».



Denis Cohen

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