Compositeur finlandais né en 1958 à Helsinki, Magnus Lindberg débute le piano à onze ans et entre à quinze ans à l'académie Sibelius où il étudie l'écriture, la composition et la musique électroacoustique dans les classes de Risto Väisänen, Einojuhani Rautavaara, Paavo Heininen et Osmo Lindeman. Magnus Lindberg rencontre Brian Ferneyhough et Helmut Lachenmann à Darmstadt, puis Franco Donatoni à Sienne, et devient en 1981 l'élève de Vinko Globokar et de Gérard Grisey à Paris. Il travaille au studio EMS à Stockholm, à la fin des années soixante-dix, puis au studio expérimental de la Radio finlandaise, ainsi qu'à l'Ircam, dès 1985.

Pianiste, interprète d'œuvres de Berio, Boulez, de Stockhausen ou de Zimmermann, il fonde en 1977 avec, entre autres, Kaija Saariaho et Esa-Pekka Salonen, l'association Korvat auki (Ouvrir les oreilles) et en 1980, l'ensemble Toimii (Ça marche !), qui seront le laboratoire de bien de ses expérimentations compositionnelles.

Magnus Lindberg est fréquemment invité à l’Ircam à la fin des années quatre-vingt, où il compose UR (1986) et Joy (1989-1990). Il est lauréat de la Tribune des compositeurs à l'Unesco, en 1982, pour ...de Tartuffe, je crois (1981), et en 1986 pour Kraft (1983-1985), qui obtient aussi le prix du Conseil nordique en 1988. Lindberg est récompensé du prix Italia en 1986 pour Faust (1986). Le compositeur reçoit par ailleurs le prix Koussevitsky en 1988. Il est nommé professeur de composition au conservatoire royal de Suède en 1996.

Lors de sa période parisienne, de 1981 à 1993, sa musique s’ouvre à diverses influences qu’il assimile et intègre de manière très personnelle, restant à distance de l’esthétique post-moderne. Si l’on peut voir des traces du symphonisme de Sibelius, du free-jazz, de l’énergie des groupes post-punk, du minimalisme américain, des musiques traditionnelles, en particulier d’Asie du sud-est (gamelan), Lindberg n’adopte pas moins parallèlement l’héritage du sérialisme américain de Babbitt qu’il pousse, dans ses premières œuvres, jusqu’à un haut degré de formalisation, ou encore le principe de classification harmonique de la Set theory d’Allen Forte. Zona (1983), pour violoncelle solo et sept instruments, est le produit d’une systématisation rythmique pré-compositionnelle, comme c’est le cas aussi de Kraft (1983-1985) pour orchestre et ensemble. De même, le spectralisme français contribuera à l’élaboration de son écriture harmonique, associé au principe de la chaconne – suite d’accords traitée de manière cyclique au cours de l’œuvre : Kinetics (1988-1989) pour orchestre symphonique, Marea (1989-1990) pour orchestre de chambre et Joy (1989-1990) pour grand ensemble sont autant de preuves de sa sensibilité raffinée pour le son, et d’un sens dramatique sûr.

Ă€ partir de Duo concertante, Corrente, et le concerto pour piano (1990-1994), le compositeur aspire Ă  une plus grande puretĂ© de sonoritĂ©s, une lĂ©gèretĂ© de l’ornementation, contrairement Ă  la brutalitĂ© apparaissant dans Kraft. Magnus Lindberg trouve alors dans le grand orchestre sa formation de prĂ©dilection : après Corrente II (1992), version pour orchestre de Corrente, Aura (In memoriam Witold Lutoslawski, 1993-94) apparaĂ®t comme la synthèse de ses dĂ©marches crĂ©atrices antĂ©rieures. MarquĂ©e par le soucis de la grande forme, elle reprĂ©sente dans les annĂ©es quatre-vingt dix un pendant Ă  la monumentalitĂ© de Kraft, composĂ©e une dĂ©cennie plus tĂ´t. Ni symphonie, ni concerto pour orchestre, Aura tend Ă  Ă©manciper l’individualitĂ© virtuose de la masse orchestrale, tout en prĂ©servant les larges effets de texture. Avec Arena (1994-1995) et Feria (1995-1997), Lindberg exploite Ă  nouveau le matĂ©riau kalĂ©idoscopique de l’orchestre et le prolonge par l’élaboration de Fresco (1997-1998), Cantigas (1997-1999) et Parada (2001), qui forment ce qu’il appelle son « triptyque symphonique Â»), renvoyant, par cette expression, Ă  la « trilogie Â» de Kinetics, Marea et Joy. Cantigas actualise le principe formel de la chaconne, renforcĂ©e ici par l’organisation des diffĂ©rents tempi.

Magnus Lindberg est considĂ©rĂ© aujourd’hui comme un compositeur majeur dans le domaine de la musique orchestrale. Des pièces rĂ©centes comme Sculpture (2005) ou Seht die Sonne (2007), Scoring (2009), Al largo (2010) ou Era Ă©crites pour de prestigieux orchestres, viennent confirmer la notoriĂ©tĂ© du compositeur en ce domaine.

De 2009 Ă  2012, il est compositeur en rĂ©sidence au New York Philharmonic, et en 2011-2012 Ă  la SWR Radio Symphony Orchestra de Stuttgart, puis, de 2014 Ă  2017 au London Philharmonic Orchestra oĂą il travaille sur plusieurs commandes, notamment une nouvelle Ĺ“uvre pour la soprano canadienne Barbara Hannigan. En 2016-2017, il est compositeur en rĂ©sidence Ă  l'Orchestre Philarmonique de Radio France.  

© Ircam-Centre Pompidou, 2013

sources

  • Ilkka ORAMO, « Lindberg, Magnus », Grove Music Online, ed. L. Macy (vĂ©rifiĂ© en dĂ©cembre 2010) ;
  • Peter SZENDY, Jean-Pierre CHOLETTON, Risto NIEMINEN, Magnus Lindberg, Ircam - Centre Pompidou, coll. « Les cahiers de L’Ircam ; Compositeurs d’aujourd’hui » n° 3, Paris, 1993 ;
  • Ircam : Marc Texier, Julian Anderson, Maxime Joos.


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