Alvin Singleton grandit à Bedford Stuyvesant, New York, quartier où résident de nombreux musiciens de jazz dont la pratique de l’improvisation sur des airs connus le fascinent. Au lycée, il forme son propre ensemble de jazz dans lequel il joue du piano. Après une formation initiale à la comptabilité sur l’insistance de ses parents, Alvin Singleton étudie la composition et la théorie musicale à l’Université de New York (1964) et à Yale, avec Mel Powell et Yehudi Wyner (1968), où il co-fonde le Black Music Student Union. Durant cette période, il étudie également le piano jazz avec Hall Overton. En 1969, il étudie la composition avec Gunther Schuller au Berkshire Music Center, Tanglewood. En 1971, titulaire d’une bourse Fullbright, il va étudier avec Goffredo Petrassi à l’Accademia Nazionale di Santa Cecilia de Rome. En 1972, Argoru II est la première pièce d’un compositeur noir à être programmée à Darmstadt.

Suite à cette expérience, il réside et travaille en Europe pendant une quinzaine années, notamment à Graz et à Vienne, avant de retourner aux États-Unis pour une résidence avec l’Orchestre symphonique d’Atlanta (1985-1988). Il est par la suite compositeur en résidence au Spelman College à Atlanta (1988-1991), auprès de l’Orchestre symphonique de Detroit (1996-1997), des Ritz Chamber Players de Jacksonville, en Floride (2002-2003), du festival IMPROVISE! (2004) et à l’Académie des Beaux-Arts de Tirana (2008).

Les pièces d’Alvin Singleton mélangent souvent parties écrites et improvisées, comme dans Mestizo II (1970), Inside-Out (1983), In Our Own House (1998) ou Vous Compra (2002) et présentent pour certaines des caractéristiques du jazz, venues inconsciemment selon le compositeur. Lui-même ne se revendique ni du jazz, ni du modernisme, ni du minimalisme lorsque la question lui est posée et cite des influences variées (Mahler, Thelonious Monk, Leonard Bernstein, Bach, Prince…). Un certain refus de la caractérisation que l’on retrouve dans les titres de ses pièces qui ne sont jamais programmatiques, ni ne se réfèrent à une forme. Seule la série des Argoru (1968-2002), pour solistes, pourrait s’apparenter à une catégorisation classique mais le terme, du ghanéen pour « jouer », ne renvoie à aucune forme particulière et n’est utilisé par aucun autre compositeur. La démarche semble avant tout portée par la volonté de ne créer aucune attente spécifique chez l’auditeur en lui refusant tout point de référence.

Les œuvres d’Alvin Singleton ont été interprétées entre autres par les orchestres symphoniques de Boston, Pittsburgh, Houston, Cincinnati, Atlanta, Cleveland, Philadelphia, Detroit, Oregon, Baltimore, Syracuse, Louisville et Floride, l’American Composers Orchestra, l’Orchestre de Paris, le Kronos Quartet, la Chamber Music Society of Lincoln Center, Nash Ensemble, Asko Ensemble, Ensemble des 20. Jahrhunderts et le London Sinfonietta. Il a été programmé par des festivals comme Tanglewood, Aspen, Cincinnati May Festival, Bang On A Can, the National Black Arts Festival in Atlanta, Other Minds (San Francisco), Musica Nova, le festival d’automne de Graz, Festival Nuova Consonanza, ISCM World music Days et ManiFeste.

En 2014, Alvin Singleton est élu à l’Académie américaine des Arts et Lettres. Il est professeur invité à l’école de musique de l’université de Yale.

Ses compositions sont publiées par Schott depuis 1977. Ses pièces ont été enregistrées et éditées par les labels Albany Records, Elektra/Nonesuch, First Edition, Tzadik et Innova.

Bourses et récompenses

• Guggenheim Fellowship, 2003 ;
• Musikprotokoll Kompositionpreis de la radio autrichienne pour Again en 1979 et Et Nunc en 1980 ;
• Kranichsteiner Musikpreis de la ville de Darmastdt pour Be Natural, 1974 ;
• Mayor's Fellowship in the Arts décernée par la ville d'Atlanta ;
• Bourse du National Endowment for the Arts.