Les liens entre les motifs et les trames sonores, mais aussi la division entre accordéon et ensemble dans Extasis correspondent aux liens entre dessin et nature, homme et univers, vie et mort, rêves et réalités. Mais le son en tant que dessin ne peut exister sans ériger de plans, sur des niveaux différents toutefois, comme un modèle de l’univers visant une synthèse. Il nécessite un espace où se déploie cette ligne, sen, à laquelle revient souvent Hosokawa. Les plans se confondent et la trame sonore définit un espace à parcourir. Extasis, ce qui hors de soi, dans l’exaltation, témoigne d’une inspiration taoïste, où le conflit du yin et du yang atteint une harmonie, l’Un, et où les souffles de l’accordéon et de l’ensemble, celui du vent et de la respiration, s’unissent.
Dans la calligraphie Zen, le geste ne commence pas sur le papier, mais dans l’air, où la main devra retourner. Une ligne importe moins que la concentration qui libère le geste. Le ma, l’interstice, est cet espace plein et dense laissé à sa blancheur, auquel il serait aisé de tout rapporter : interstice entre shô [orgue à bouche] et accordéon, entre consonance et dissonance, entre fort et faible, entre haut et bas, entre Orient et Occident... Cet interstice, silencieux, où les lignes parallèles suscitent d’infimes variations de rythme, de hauteur, de registre ou de phrasé, est la trame de cette musique et de ses fluctuations harmoniques. L’enchevêtrement de ces lignes perpétue la métaphore visuelle de la calligraphie. Hosokawa révèle alors l’influence des concepts fondamentaux du Gagaku, l’ancienne musique de cour, où la plénitude du shô s’oublie derrière l’ensemble instrumental.