Dans L’Espace dernier, j’ai développé un concept dramaturgique où je thématise la perspective acoustique. Il s’agissait pour moi d’exposer un vocabulaire sonore (un matériau) et sa résolution continue ou sa transformation en un autre état, plus « ouvert ». Les impulsions et les signes résiduels restaient sans réponse dans ce « dernier espace acoustique »… Dans cette nouvelle pièce créée pour le Klangforum Wien, j’ai souhaité prendre un point de départ similaire et continuer à travailler aux perspectives que j’ai développées, en me concentrant cette fois sur une formation et une dimension particulières. J’ai placé l’autonomie de la ligne évocatrice au centre de mes réflexions. Cette ligne décrit la gestuelle de la marche (qui est elle-même le thème de mon dernier opéra). L’espace dans lequel se meuvent ces signes et ces formes en marche se trouve dans un non-espace. La présence d’un signe ne doit valoir que dans l’instant où il communique avec nous – il est décrit, évoqué et dissous à nouveau, comme s’il suivait sa propre trace esquissée (Verzeichnete Spur).
Roland Barthes : « Le signe est une fracture qui ne s’ouvre jamais que sur le visage d’un autre signe. »
Matthias Pintscher.