Mon idée était d'approcher l'horreur de l'Holocauste (si cela peut être envisageable) par des moyens rencontrés fréquemment dans les traditions aurales : l'alternation constante du « chanter » et du « lamenter ». Cette opposition et coexistence de deux modes d'expression, émotionnelle et musicale, m'a semblé la meilleure façon d'atteindre un tel fait qui « ...n'aurait pas du arriver. Il s'est passé là quelque chose dont plus personne ne peut se debarasser. » (Hannah Arendt).
Le titre Brut se réfère autant aux origines d' « art brut » de Nedjar qu'à un genre que j'appelle « acousmatique pauvre » : une musique dépourvue de « lifting sonore » qui peux exister dans des conditions d'écoute variées. Le matériau sonore de la pièce vient des enregistrements basse qualité (Billie Holiday, Odetta), de sons d'enceintes à membranes percées, de bruits de disque vinyle, et de bourdons de guitare jouée avec un e-bow. J'ai travaillé en évitant les effets électroniques. J'ai surtout utilisé des coupures abruptes, transpositions, renversements, boucles et filtres élémentaires – des actions musicales inspirées du turntablism.