Compositeur français né le 15 juin 1938 à Rouen, décédé le 19 novembre 2025 à Neuilly-sur-Seine.
Vous constatez une erreur ?
Jean-Claude Eloy commence ses études au Conservatoire de Paris dès ses douze ans où il fait un brillant cursus du premier degré, couronné de nombreux prix et médailles : second prix de piano en 1956, premier prix de musique de chambre en 1958 et de contrepoint l’année suivante. En 1959, il est admis dans la classe de composition de Darius Milhaud mais démissionne de l’institution en 1962.
Le compositeur suit les masterclasses de Pierre Boulez à l'Académie de Musique de Bâle de 1961 à 1963, où il reçoit également les enseignements de Karlheinz Stockhausen, ainsi que les Cours d’été de Darmstadt avec Henri Pousseur, Hermann Scherchen et Olivier Messiaen. Jean-Claude Eloy est repéré par Pierre Boulez qui contribuera à diffuser sa musique en la programmant dans les concerts du Domaine musical pour Étude III et en la dirigeant pour Équivalences — qui lui est dédiée — à Darmstadt. Suivront dans cet esprit postsériel Polychronies et Macles en 1964. Adoubé par l’avant-garde, ses pièces sont dirigées notamment par Ernest Bour, Michael Guilen, Bruno Maderna, Diego Masson, Michel Tabachnik ou Arthur Weisberg. En 1965, dans le sillage de Boulez, le compositeur s’exile aux États-Unis fustigeant les institutions musicales françaises pour leur conservatisme et le peu d’opportunités qu’elles offrent à la jeune génération. Il prend le poste de professeur d’analyse à l’Université de Berkeley en 1966. C’est durant cette période américaine qu’il compose deux musiques de films pour Jacques Rivette : La Religieuse (1967) et L’Amour fou (1969).
En 1971 est créée à Paris Kâmakalâ (« le triangle des énergies », terme sanscrit issu du tantrisme), qui marque la première tentative du compositeur dans la synthèse Orient-Occident qui occupera le reste de son œuvre, et qu’il présente comme un « effort d'intégration du potentiel oriental dans la musique occidentale ». Composée pour trois ensembles d’orchestre, cinq groupes de chœurs et trois chefs, Kâmakalâ incarne le désir de monumentalité de Jean-Claude Eloy, qu’il cherchera par la suite à étendre dans la dimension temporelle, souhaitant « faire craquer la petite durée sonore occidentale ». Invité en 1972-1973 au studio de musique électronique de la Westdeutscher Rundfunk de Cologne par Stockhausen, avec qui il partage sa sensibilité à la philosophie orientale, il compose Shanti, « une méditation sur la paix profonde de la recherche inlassable du calme de la conscience », une immense fresque de deux heures et demie où il utilise pour la première fois des sons électroniques et concrets. De nombreuses autres pièces de durée étendue suivront : Gaku-No-Michi (1977-1978), Yo-In (1980), À l'approche du feu méditant (1983) et Anâhata (1986). Le compositeur continue pendant ce temps à voyager, travaillant avec la Technische Universität de Berlin, l'Institut de Sonologie de l'Université d'Utrecht et le Studio électronique du Conservatoire Sweelinck d'Amsterdam, la NHK et le Théâtre National du Japon. En 1978-1979, il compose auprès de Iannis Xenakis dont il utilise l’UPIC pour l’écriture de la pièce électronique Étude 4 : points, lignes, paysages (1978-1980).
De 1983 à 1988, Jean-Claude Eloy se consacre à la création du Centre d'informatique appliquée à la musique et à l'image (CIAMI) en collaboration avec le Ministère de la Culture, avant de se désengager de toute implication institutionnelle. C’est également à cette période qu’il commence à s’intéresser particulièrement à la musique vocale — en prenant souvent appui sur ses propres textes — avec notamment les cycles « Libérations » (Butsumyôe, 1988 ; Sappho Hikètis, 1989) et « Gaia Songs » (Eileithyia ; Rosafarbe, 1991) et Erkos (1990-1991).
Disparu des éditions et des programmes pendant une dizaine d’années, le travail de Jean-Claude Eloy trouve un nouveau public quand, en 2004, le compositeur fonde le label Hors territoires afin de publier ses écrits, souvent bilingues, et sa musique. Son écriture trouve là de nouveaux adeptes, particulièrement dans le milieu de la noise et des musiques électroniques improvisées, via le truchement de personnes comme Kasper T. Toeplitz ou Jérôme Noetinger.
Ses partitions sont publiées par Heugel, Amphion et Universal Edition.
The New Grove Dictionary of Music ; Encyclopedia Universalis ; Le Monde (Pierre Gervasoni) ; Revue & Corrigée
Vous constatez une erreur ?
1, place Igor-Stravinsky
75004 Paris
+33 1 44 78 48 43
Du lundi au vendredi de 9h30 à 19h
Fermé le samedi et le dimanche
Hôtel de Ville, Rambuteau, Châtelet, Les Halles
Institut de Recherche et de Coordination Acoustique/Musique
Copyright © 2022 Ircam. All rights reserved.